22 octobre 2025
La Meurthe-et-Moselle rayonne d’un patrimoine charcutier unique en France. Aux côtés du célèbre pâté lorrain – star indétrônable – les artisans redoublent de créativité et perpétuent des savoir-faire pluricentenaires. On trouve dans leurs étals :
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : la Lorraine compte près de 400 artisans bouchers-charcutiers, dont une trentaine en Meurthe-et-Moselle (source : Fédération des bouchers-charcutiers Grand Est). Chaque maison cultive ses propres recettes jalousement gardées – un patrimoine vivant qui séduit régulièrement les jurys des concours nationaux et internationaux.
Impossible de parler charcuterie sans citer la Maison Pierrat. Fondée à Baccarat en 1898, elle a traversé les époques tout en restant synonyme de régularité et d’excellence. Spécialisée dans le fumage artisanal, elle perpétue la tradition du jambon fumé de Lorraine et du lard paysan, dorés lentement dans de massives cheminées de bois. Son pâté lorrain – élaboré selon une vieille recette familiale – a décroché à plusieurs reprises la médaille d’or au Concours Général Agricole.
Lauréat du titre de charcutier traiteur de l’année Grand Est 2022 (source : Est Républicain), la Boucherie Simon incarne la jeunesse et la modernité. La maison met un point d’honneur à sourcer les porcs auprès d’élevages lorrains labellisés et privilégie les circuits courts. Ses terrines de campagne s’enrichissent de petites touches originales comme la mirabelle, tandis que son boudin noir à l’ancienne figure parmi les plus récompensés de la région.
Au Marché Central de Nancy, la charcuterie Saint-Livier s’est fait un nom chez les connaisseurs et les chefs locaux. Elle perpétue l’esprit du “fait maison”, assurant l’intégralité des préparations sur place, de la découpe à la mise en terrine. Le pâté de foie et les saucisses fumées séduisent autant les passants gourmands que les tables bistronomiques. Le samedi matin, la file d’attente dit tout du succès de cette maison attachée au terroir.
Certains artisans charcutiers lorrains s’affirment aussi par leur audace créative. Plusieurs maisons proposent :
Ces produits sont régulièrement primés lors du Concours Régional de la Charcuterie Artisanale organisé chaque année à Nancy, et dont la dernière édition a récompensé la Boucherie Jeannot à Pont-à-Mousson pour ses innovations (source : Fédération des Bouchers Charcutiers du Grand-Est).
Impossible d’évoquer la charcuterie sans consacrer un chapitre au pâté lorrain. Né au Moyen Âge, il trouve ses racines dans la tradition des pâtés en croûte du duché de Lorraine, autrefois préparés pour les fêtes seigneuriales. Il s’agit d’une farce de porc (parfois de veau), marinée au vin blanc des Côtes de Toul, ail et fines herbes, longuement enveloppée dans une pâte dorée. Cent familles, cent manières de le préparer : un vrai totem du patrimoine culinaire !
Le climat lorrain explique en partie cette passion pour la fumaison, technique née du besoin de conserver la viande. La saucisse fumée du Val-de-Moselle tient du symbole. Réalisée à partir de viande de porc rigoureusement sélectionnée, elle est patiemment fumée au bois local et se déguste aussi bien froide (sur une tranche de pain) que chaude, dans la choucroute ou la potée lorraine. Elle fait partie des produits les plus appréciés des amateurs de gastronomie régionale (source : INRAE, “La Charcuterie Lorraine – Étude patrimoniale”, 2020).
L’andouille locale se distingue par sa puissance aromatique et sa texture généreuse. Sa fabrication, exigeante, demeure un art transmis de génération en génération. À Lunéville, plusieurs charcutiers s’en disputent la paternité, mais on la reconnaît à son goût poivré et à ses saveurs de bois fumé. Elle figure régulièrement en bonne place lors des concours régionaux.
À l’ère des produits “industriels”, voici quelques repères pour dénicher une vraie maison artisanale, gage de qualité et d’authenticité :
Selon l’Institut National de la Charcuterie Artisanale, plus de 82 % des consommateurs du Grand Est estiment qu’il existe une vraie différence de goût entre un produit artisanal et un équivalent industriel (sondage IFOP 2022).
Pour partir à la rencontre de ces artisans, filez directement sur les marchés emblématiques :
Les plus gourmands ne manqueront pas la Route de la Mirabelle, où certains producteurs proposent ponctuellement de la charcuterie à la mirabelle (notamment en été).
La charcuterie locale ne fait pas que régaler : elle véhicule un savoir-faire reconnu nationalement. Plusieurs produits bénéficient du Label Rouge (le fuseau lorrain notamment), et les artisans sont partie prenante de la filière “Lorrain de Qualité”.
L’attrait de ces maisons est loin de s’essouffler. Selon la Chambre des Métiers et de l’Artisanat du Grand-Est, la consommation de viande artisanale en Meurthe-et-Moselle a progressé de 8 % entre 2019 et 2023, portée par l’envie de “mieux manger”, de soutenir le commerce de proximité et de renouer avec une alimentation authentique (CMA Grand Est).
Beaucoup d’artisans ouvrent volontiers leurs portes lors de la Semaine du Goût ou des Journées de la Gastronomie. Ces rendez-vous sont des moments privilégiés pour voir, sentir, goûter, comprendre : on y apprend l’art du désossage, les secrets d’une bonne marinade, l’histoire passionnante de la conservation des viandes en Lorraine. Certains proposent même des ateliers de charcuterie maison – parfait pour ramener un peu de savoir-faire chez soi !
La charcuterie artisanale en Meurthe-et-Moselle, c’est tout un univers à explorer, entre héritage et innovation, partage et convivialité. Une promesse : chaque bouchée a une histoire, chaque artisan a une âme – il suffit d’oser passer leur porte, et, pourquoi pas, d’oser demander leur recette… secret (presque) toujours bien gardé.
Sources principales : Fédération des Bouchers-Charcutiers Grand Est, INRAE, Est Républicain, Office de Tourisme du Grand Nancy, Chambres des Métiers et de l’Artisanat Grand-Est, sites et communications des maisons citées.
