Le guide ultime des accords pour sublimer vos viandes lorraines

30 octobre 2025

La Lorraine est fière de ses classiques : potée, quiche, baeckeoffe, jambon à la mirabelle ou encore boudin noir à la pomme. Ces plats, nés de la terre et d’un terroir exigeant, racontent une histoire de convivialité et de partage. Savez-vous que la potée lorraine figurait en 2011 parmi les 20 plats favoris des Français selon une étude du Centre de Recherche pour l’Étude et l’Observation des Conditions de Vie (CREDOC) ?

On y retrouve :

  • Porc lorrain: souvent élevé en plein air, donnant des chairs savoureuses.
  • Bœuf charolais: largement présent dans la région.
  • Volaille traditionnelle: du poulet fermier, du canard, du lapin issu de petites fermes.

Ces matières premières offrent de multiples possibilités pour des accords heureux. La question : avec quoi les savourer pour un moment inoubliable ?

Pourquoi le gris de Toul s’impose ?

Star incontestée pour accompagner la potée, le Gris de Toul (AOC) est un vin à la belle robe saumonée, issu majoritairement du cépage Gamay, parfois associé au Pinot Noir. Sa fraîcheur, sa pointe acidulée et ses arômes de petits fruits rouges s’accordent parfaitement avec la richesse du lard et la douceur du chou cuit.

  • Température de service : 10-12°C pour conserver toute la vivacité.
  • Anectode : Chaque année, le village de Bruley consacre une fête au Gris de Toul. Si ce vin léger est plébiscité, c’est aussi parce qu’il dégraisse agréablement le palais.
  • Chiffre clé : Environ 250 hectares consacrés au vignoble de l’AOC Côtes de Toul (Chambre d’Agriculture).

Osez les rouges du Toulois

Plus corsé ? Certains choisissent un rouge léger du Toulois (Pinot Noir) : sa structure délicate épouse les viandes mijotées sans masquer leur subtilité. Ici, les tanins discrets relèvent charcuteries, saucisses et palette fumée, souvent présents dans la potée.

Vins blancs, mais pas que…

La quiche lorraine, c’est un poème de simplicité. Lard, crème, œufs, pâte dorée… Pour ne pas éteindre ce plaisir délicat, on mise sur un vin blanc sec et nerveux :

  • Auxerrois des Côtes de Toul : Plein de fraîcheur et floral, il trouve un écho idéal avec l’onctuosité de la quiche.
  • Pinot blanc de Moselle : Son côté fruité relève la douceur de la crème.

Et si on sortait une bière ?

Plus original, mais tout aussi lorrain, l’accord avec une bière blonde artisanale à base de malt local (Label Bière) apporte une effervescence qui tranche avec la rondeur du plat. À tenter absolument.

Fun fact : Il existe plus de 70 brasseries artisanales en Lorraine aujourd’hui – dont une bonne dizaine en Meurthe-et-Moselle –, chacune avec son identité propre.

Le baeckeoffe, cousin lorrain-alsacien, cuit longuement et réunit bœuf, porc, agneau, pommes de terre et légumes dans une marinade vin blanc et aromates. Mariage riche !

  • Riesling ou Sylvaner : Leur acidité naturelle équilibre la générosité du plat.
  • Vin de Moselle : À base de Müller-Thurgau ou Pinot Gris, il gagne à être servi autour de 12°C pour exprimer sa minéralité.

Anecdote : Certaines familles lorraines perpétuent la tradition de préparer le baeckeoffe… le dimanche par rotation, chacun recevant à son tour amis et voisins autour de cette terrine géante.

Le jambon lorrain poêlé à la mirabelle, confiture ou eau-de-vie, appelle un vin blanc savoureux et aromatique. Le choix se porte volontiers sur :

  • Gewurztraminer doux : Il répond à la note fruitée sans dominer le sel du jambon.
  • Pinot Gris : Pour plus de puissance et de volume en bouche.
  • Cidre artisanal : Quasi oublié, il crée une alliance fraîche et pétillante avec la mirabelle.

Le saviez-vous ? La Lorraine produit environ 70% de la mirabelle française, soit entre 10 000 et 12 000 tonnes par an (source : Région Grand Est).

Plus corsé, le boudin noir lorrain réclame un rouge plein de souplesse et de franchise :

  • Pinot Noir de Lorraine : Fruité, peu tannique, il épouse le fondant du boudin.
  • Rouge de Moselle : Parfait pour une charcuterie ou un lapin à la moutarde.
  • Bière ambrée locale : Son intensité vient réveiller la viande.

Bon à savoir : Le boudin noir de Lorraine est traditionnellement servi le mardi gras, accompagné de pommes sautées ou de compote acidulée pour adoucir la force de la viande (source : Musée de la Boucherie-Charcuterie de Sainte-Menehould).

Ici, la finesse des viandes s’accompagne d’un vin gris ou blanc fruité, qui ne camoufle pas la viande mais l’accompagne tout en douceur.

  • Lapin à la moutarde : Préférez un Auxerrois ou un Pinot Gris jeune, pour relever et rafraîchir la sauce.
  • Coq au vin gris : Le vin utilisé dans la recette (Gris de Toul, par exemple), servi frais, prolonge la délicatesse du plat.

Petit détour : Le coq au vin gris est moins connu hors Lorraine, mais il séduit par son équilibre entre la suavité et l’acidité.

Quand le terroir rencontre la modernité

Certains chefs lorrains n’hésitent pas à moderniser la tradition. Un filet mignon à la mirabelle peut ainsi être servi avec une bière blanche très houblonnée voire un vin orange nature, pour une explosion aromatique inattendue.

  • Bière blanche IPA : Fraîcheur et amertume relèvent la douceur de la mirabelle.
  • Vin orange de Moselle : Encore rare, mais séduisant lorsque servi contre une gastronomie riche.

Tendance à suivre : Les cavistes lorrains constatent une hausse de 15 % des ventes de vins naturels entre 2020 et 2023 selon l’association des cavistes indépendants (Union des Cavistes).

  • Privilégier des vins ou bières locaux, pensés pour la cuisine régionale.
  • Adapter la température de service : frais pour les gris/blancs (10-12°C), ambiant pour les rouges légers (14-16°C).
  • Oser le cidre ou des bulles sur des plats à la mirabelle ou des viandes blanches.
  • Éviter les vins trop tanniques avec les charcuteries : privilégier la délicatesse plutôt que la puissance.
  • Tenir compte des garnitures (pommes de terre, chou, sauce) pour équilibrer l’accord.
  • Visiter : Faites un tour au Musée du Vin de Toul pour mieux comprendre les grands axes des vignobles régionaux.
  • A lire : « Saveurs de Lorraine » d’Anne Wilson, pour explorer la richesse de la table régionale (Éditions Ludres, 2021).
  • A tester : Les salons « Vins et Terroir » à Nancy ou Messein, espace d’échanges parfait entre vignerons, brasseurs et épicuriens.

La Lorraine n’a jamais fini de surprendre par la richesse de ses accords. Que l’on suive la tradition ou que l’on ose une touche contemporaine, l’essentiel est bien là : partager, goûter, faire voyager ses papilles. Bonnes découvertes gourmandes !